la chasse aux trésors

La chasse aux trésors.

Connaissez-vous tous ces trésors qui n'ont pas de prix ?
Nos souvenirs en sont souvent les coffres-forts.
Le temps s'écoule sur nos vies pendant que la rivière coule toujours, là, au creux des vallées de l'enfance qui se rappelle soudain à nous et au précieux, lorsqu'on se met à vieillir un peu...
Lorsque j'étais encore assez petite, j'allais joyeuse avec ma bande de copains.
Nous-nous donnions rendez-vous sur la place du village pour jouer à nous évader ensemble, le temps d'une après-midi.
Nos parents donnaient à chacun l'accord parfait à nos escapades ainsi que l'heure précise de notre retour à la maison et nous n'avions pas intérêt à dépasser d'une minute l'aiguille de l'horloge de leur confiance, sous peine d' « Interdiction de sortie !!! » au prochain rendez-vous.
Il fallait être de retour à l'heure, « Un point c'est tout ! »
Et voilà que durant une après-midi entière, nous étions parfaitement libres de nos mouvements et que nous apprenions à vivre ensemble et hors du regard de nos parents, le temps d'un jeu ,voire d'un terrible défi : «Comment faire confiance à la confiance que nous confiait alors nos parents alors que nous n'avions pas encore découvert l'invention du smartphone?! »
Dès le mois de juin, notre jeu préféré était le « Saute-Rochers ».
Nous partions alors tout habillé et à vélo jusqu'au pont de Notre Dame du Pont du Salut à Corrèze et nous remontions la rivière de rochers en rochers pour finir en slips entre Neupont et Rouffiat.
La Corrèze nous offrait alors tous ses bras, ses ronces agrippantes, ses rochers glissants et ses fougères coupantes et aucun de nous ne rentrait tout à fait indemne de ce jeu un peu idiot qui venait simplement remonter la rivière à l'envers.
Nous étions déjà des aventuriers inconscients des trésors que nous n'avions qu'à saisir alors que nous-nous appliquions, assez dangereusement à sauter de rochers en rochers.
Nous remontions vers la source... tels de jeunes saumons frayant pour la première fois et nous trouvions que c'était beaucoup plus amusant de ne surtout pas nous demander « Pourquoi ? ».
Le but de notre drôle de jeu était à la fois de ne pas nous mouiller entièrement et d'arroser gracieusement celui qui était parvenu à accoster sur le prochain bloc de granit sans tomber.
Nos éclats de rire ricochaient naturellement en éclats cristallins lorsque l'un de nous finissait enfin « à la baille !». Nous n'avions ni règle, ni loi mais nous étions tous logés à la même enseigne car quoiqu'il advienne, nous devions rentrer à l'heure « Un point c'est tout ! » même avec une foulure à la cheville ou un poignet cassé comme cela arrivait parfois...
Nous n'avions d'ailleurs encore jamais pensé à une armure ou à la meilleure des combinaisons qui auraient pu nous protéger ou nous diviser quant à ce que nous avions à vivre d'expériences pour grandir encore.
Nous étions des enfants joyeux et fiers d'être autorisés à devenir des aventuriers.

Le flot de la Corrèze s'écoulait furieusement entre nous et nous soudait par la confiance qui nous était portée.
Le monde semblait déjà tellement dur lorsque l'eau glacée fouettait nos petites jambes !
Mais entre deux rochers, lorsque nous-nous perdions un peu ou que nous attendions les traînards, nos mains libres creusaient en louches le sable pour y recueillir le mica étincelant.
Des millions de paillettes se trouvaient là, au cœur des rubans de silice que nous laissions glisser sous l'eau claire qui faisait loupe entre nos doigts.
L'or ne coûtait rien, il ne valait rien d'autre que « le temps d'un jeu » mais il était précieux et riche des brillances qu'il reflète encore loin des valeurs établies par les Marchés.
Nous n'étions que des enfants joyeux mais nous savions déjà que ce qui compte vraiment parmi tous nos trésors n'a qu'un seul prix, celui qui s'écoule là, indélébile...