Les Chroniques de Kido

Salut tout le monde, aux jeunes comme aux plus âgés. À partir de demain, j'ai décidé de vous proposer une petite "rubrique" où je vous partagerais des films que j'ai apprécié tout genres confondues, en partant des grands classiques jusqu'aux films à petit budget totalement méconnus du grand public, tout cela dans une ambiance bonne enfant dans un cadre plutôt cossue qu'est ce forum. J'imagine que je ne pouvais pas faire présentation plus pompeuse, mais j'estime qu'il fallait bien commencer sur une note d'humour.

Je tiens d'ors et déjà à précisé qu'une partie des films que je pourrais chroniquer pourrait choquer les âmes sensibles : tout cela sera notifié dans le post chroniquant le film en question, tout en y précisant bien sûr, le réalisateur, l'année de sortie de la production ainsi que le genre de ce dernier. Ma passion pour le cinéma quelque peu déviant et extrême n'occultera néanmoins pas tout les autres types de films que je vous proposerai, il y en aura pour tout le monde.

Restez connectés (c'est quand même assez ringard de finir un post de cette façon, vous trouvez pas ?)

Drem McAdam a écrit:Chouette initiative ! Seront-ce des films que l'on pourrait visionner aisément ? Tu souhaiterais que ce topic ne soit dédié qu'à tes présentations ?

Merci ! J'ai envie de présenter pas mal de film depuis un certain bout de temps maintenant, et je ne savais pas où le faire, c'est maintenant chose faite, enfin je l'espère. Malheureusement, je pense qu'une partie des films sera assez difficile d'accès de par leurs raretés ou bien dû au fait que l'obtention légale de ces derniers sont tout bonnement impossible. J'essayerai de poster un maximum d'extrait disponible légalement, puis il me sera toujours possible de donner accès a ces films dans un cadre privé, ou peut-être même ici pour les films les plus rares, si j'en ai la validation de l'admin (aucun film n'étant hébergé ici directement, et ces films étant, pour beaucoup, sans protections juridiques ou ne présentant aucune trace de copyright encore en vigueur, je serai éminemment rigoureux sur la chose). Mais il ne faut pas s'en faire, il y aura tout autant de films facilement trouvables.  

Et non, surtout pas, on est sur un forum, la discussion est primordiale ! Je ne souhaite absolument pas que ce topic ne soit qu'une suite de présentation, bien au contraire. Discuter de cinéma, je trouve ça beaucoup plus intéressant.

Qui a vue le dernier film sur le joker, perso j'ai pris une claque monumentale, ce film montre la folie d'un homme à la perfection, on est dans sa tète tout le long du film et pleins de passages ne ce passe que dans la tète du personnage d'alex qui vas devenir le joker.

Pour commencer, difficile déjà de parler de distribution d'acteur tant le concept même du film est alambiqué et ambiguë. Le film se veut discrépant. Il s'agit ici de dissocier totalement l'aspect sonore de l'aspect photographique, car l'un et l'autre ne coïncide pas. On pourrait précisément parler de disjonction entre ces deux éléments. Néanmoins, on pourra reconnaître quelques personnalités au cours du film, dont Jean Cocteau, Audré Maurois, Jean-Louis Barrault ou encore Blaise Cendrars; que du beau monde.


Isou parle ainsi de l'avancée du 7ème art grâce à des réalisateurs l'ayant marqué, comme Eisentein, Méliès, Buñuel ou même l'un des invités, Cocteau. Cependant, il affirme que le cinéma en tant qu'art connaît une forme de banalisation à cause de l'industrie qui banalise sa production pour en faire un simple outil de divertissement : le cinéma ne devient plus créatif, il devient simplement un objet de production de spectacle (il vise particulièrement la production Cecil B. De Mille qui fut l'apothéose du cinéma de production, le terme "blockbuster" ayant été inventé pour ce dit film). On pourrais même rapprocher cette critique, qui dans une tout autre mesure, à celle du situationniste Guy Debord, qui, dans l'ouvrage "La société du spectacle" attaque l'industrie ainsi que la société dans son entièreté et ne se limite pas au cinéma mais à l’entièreté de l'univers consumériste et de son rapport entre les Hommes. Debord reprendra d'ailleurs le principe de cinéma discrépant pour la quasi totalité de ces films.


Le son et l'image étant complétement défait, ils proposent eux deux des choses différentes. Pour le premier, s'entremêlent des poèmes lettristes ainsi que la logorrhée d'un prénommé Daniel, tantôt dans le discours sur la cinématographie, tantôt parlant de son amour, un dénommée Eve. On pourrait presque comparer cette bande-son à un véritable roman sonore. L'image, quant à elle, propose des images d'archives obtenues çà et là, ainsi que des images d'Isidore Isou marchant dans la ville, au côté parfois de Jean Cocteau ou de Blaise Cendrars. On dénote aussi une grande utilisation de la ciselure, qui est le fait d'endommager volontairement une pellicule pour en produire un effet directement sur cette dernière.


Isidore Isou veut créer un nouveau cinéma, et il y arrive. C'est tout autre chose que ce qu'on avait pu voir jusque là dans le monde du 7ème art. La transgression est à son comble et ce film est à mes yeux, l'apothéose même de l’œuvre contre-culturelle. L'application du lettrisme à une œuvre cinématographique permet déjà une infinité de perspectives. Ici, l'oeil n'est plus maître, est le son nous assaille de toutes parts, tantôt entre divagations ou borborygmes incompréhensible, mais véritable poésie sonore. Certains pourront y voir du pédantisme, ou tout autre chose, mais ce serait approuvé l'acatalepsie complète que démontre Isidore Isou au sein de son film. Ce dernier contient le film, ainsi que sa critique.

Il s'agit de son seul et unique film, et vous expliquer sa teneur ne ferait que vous gâcher le plaisir de le voir. Bien sûr, toutes les thématiques abordées au sein de cette oeuvre sont ici survolées superficiellement, tant les questionnements métaphysiques qu'il propose sont intrinsèquement compliqués à expliquer, et je n'ai que trop peu de place et de temps pour vous expliquer chacun d'eux. Si vous devriez retenir un film qui concentre toute la révolte politique et artistique, ce serait celle-ci (et peut-être le film "La Société du Spectacle" de Guy Debord, mais c'est un autre sujet). J'espère vous avoir, au moins, donner envie de voir ce chef d’œuvre. En bonus, je vous offre cette interview d'Isidore Isou, en compagnie du lettriste et réalisateur Maurice Lemaître (dont je vous recommande tout autant la filmographe), Jacques Spacagna, et le célèbre réalisateur de Citizen Kane : Orson Welles. Cette dernière est issue du documentaire "Around the World with Orson Welles".

Pour vous procurer le film à la demande: Ici
Pour vous procurer le DVD : Ici

Pour les plus intéressées d'entre vous, je poste en accompagnement deux vidéos de Michel Onfray concernant le lettrisme. Même si je ne porte pas l'homme dans mon cœur, forcer de constater qu'il résume assez bien les tenants et aboutissants du lettrisme. La deuxième vidéo aborde le lettrisme du point de vue du situationniste Guy Debord, et je pense que ce point de vue est intéressant si l'on connaît quelque peu les pensées de Debord. Je parlerais sans doute d'un de ces métrages un peu plus tard.

En attendant que je déniche quelque chose.

Kido a écrit:En attendant que je déniche quelque chose.

<3 déjà se profilait le talent d'Antoine pour filmer la parole authentique, ici celle d'un artiste ermite à la vision absolue, un acharné de l'art animiste, une vie entière passée dans la forêt à métamorphoser la matière, je me demande si ses œuvres sont toujours là-bas, si ses "empreintes" ont été laissé en l'état, si ce n'est pas le cas, De maximy peut être d'autant plus convaincu de l'importance de sa démarche documentaire.

Merci Kido ♡ très inspirant.
J'avais rencontré un artiste ermite aussi dans ma jeunesse. Il était beau de passion, libre dans sa folie, heureux dans sa détermination de créateur. Son obsession était de pouvoir peindre tout en produisant de la musique, pour chaque note une couleur, pour chaque son une forme... Mais à la différence de Chomo, il avait eu son heure de gloire dans le design, ce qui lui a permis d'investir dans son atelier et ses recherches.

Merci Kido! On vient de regarder en famille, mon artiste a adoré et mon petit se voit vivre comme Chomo quand il sera grand, en effet, très inspirant.

Je me demande aussi si c'est toujours en l'état, mais j'en doute et ce serait triste que tout ait disparu

Du peu d'informations que j'ai, seul les batiments ont était laissés en état, tels quels. Les œuvres qui étaient transportables à l'intérieur comme à l'extérieur ont été mis en expositions ou vendues aux enchères, malheureusement. La dernière exposition en date de ces œuvres étaient en 2016.

Je compte faire une rétrospective sur les films de Guy Debord dans quelques temps, un dossier assez complet que je publierai ici ainsi que sur mon blog. Je vous conseille néanmoins de regarder tout ses métrages qui sont, à ma connaissance, tous disponible sur Youtube.